Mozambique : Au Cabo Delgado, « on parle de massacres »

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Un missionnaire témoigne de l’action des insurgés d’Al-Shabaab au nord du Mozambique.

Le Cabo Delgado, province riche en gaz au nord du Mozambique, est en proie à la violence terroriste depuis 2017. Les insurgés, appelés Al-Shabaab (sans lien avec le groupe somalien du même nom) et affiliés à l’État Islamique depuis 2019, veulent y fonder un califat et instaurer la charia.

En octobre dernier, ces insurgés avaient mené une attaque dans le district de Muidumbe. Ils y sont restés jusqu’au 19 novembre. Là-bas se trouve la mission dite de Nangololo. Le missionnaire Edegard Silva s’est rendu sur place pour estimer les dégâts. Son bilan est sans appel, « tout est détruit ».

« Le 30 octobre, les terroristes sont revenus occuper le district de Muidumbe où se trouve notre mission. L’ensemble de la population s’est enfui dans la brousse. Nous nous sommes réfugiés à Pemba. Au cours de cette période, l’ensemble de la zone est demeurée sous le contrôle des insurgés qui ont quitté la mission catholique le 19 novembre. Tout est détruit : la maison où nous vivions a été réduite en cendres... Tous les équipements ont été brûlés, le siège de la Paroisse détruit, la station radiophonique de la communauté incendiée, la maison des religieuses détruite »

Puis Edegard Silva dresse le bilan humain. Il témoigne d’une violence indicible.

« Le long du parcours, ont été découverts de nombreux corps en décomposition et retrouvés des lieux de massacres. Les actions des terroristes sont violentes. Diverses personnes ont été décapitées, les maisons incendiées et détruites. Plusieurs personnes ne sont pas parvenues à trouver leurs familles. On parle de massacres et de plus de 500 000 évacués. »

Un chiffre confirmé par l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés. Babar Baloch, porte-parole du HCR dénonçait en décembre dernier :

« La situation au Cabo Delgado est une crise de protection pour plus d’un demi-million de civils en fuite, avec de nombreux rapports sur les violations des droits humains et le mépris du droit international humanitaire. L’accès à certaines zones de la province reste limité en raison de la violence, de l’insécurité et de la saison des pluies, les communautés étant coupées des services de base pendant des mois. »

Il soulignait également les violences faites aux femmes :

« Certaines femmes et filles ont été enlevées, forcées à se marier, dans certains cas violées ou soumises à d’autres formes de violence sexuelle. La population déplacée reste très vulnérable à la violence sexiste. »

Face à ce « scénario de guerre et de destruction », le missionnaire Edegard Silva en appelle à la « solidarité internationale ».

M.C.

Crédit image : naTsumi / Shutterstock.com


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